Quand on regarde le travail de JAS, la première impression est immédiate : toutes ces images ont quelque chose à dire. C’est le plus important dans une œuvre d’art. Voir, interroger, parler : ce sont les moments qui font de nous plus que spectateurs et nous rendent, nous-mêmes, partie de ce procès de création où celui qui regarde ne se limite à passer, indifférent, et au contraire, s’arrête et pose la question autour de cette inquiétude, pas nécessairement négative, qui oblige à chercher dans la mémoire les souvenirs d’où pourra naître une réponse, qui ne sera jamais définitive, sur ce qui cause ce sentiment.
Et tout se croise dans ces souvenirs : un peu de natures mortes, la mythologie, les visages, des traits classiques et aussi un hommage à l’art africain des masques, le serpent et Ève avec une expression presque surréelle, tout cela, entre autres référents, nous donne les indices d’une recherche de de sens qu’on ne trouve que dans l’assemblage de ces éléments qu’on pourrait associer à un collage immanent à la création elle-même. On pourrait parler d’un collage de citations, mais il s’agit d’une base de travail que, devant cet ensemble, gagne une harmonie possible par ce qui n’est, finalement, qu’une recherche de perfection dans une totalité qui nous est présentée à travers ses fragments.
Un esprit littéraire peut parler du minotaure, de la Bible, de la sirène, des masques, tout comme un esthète ferait recours à des hommages à Picasso, au cubisme, aux peintres flamands ; et tout cela résulte de ce vaste tableau où on trouve une imagination baroque qui est allégée par ce dessin en même temps fin et précis qui essaie de ne rien nous cacher d’un plaisir de l’invention qui assimile toutes ces sources d’une scène qui s’ouvre à ce jeu entre plusieurs époques et cultures.
Et c’est le mot plaisir qui parcourt cet espace qui nous est devenu si familier, de par son étrangeté même, où on peut découvrir l’âme cachée du désir de créer et d’imaginer que l’œuvre de JAS nous révèle. C’est le motif qui nous fait arrêter le pas et le regard à chacun de ses travaux, et nous fait vivre chaque instant de son invention..
Nuno Judice in : Le plaisir de l’image, João Alexandrino dit JAS, exposition particulière, Galerie Chauvy, Paris, 1er- 29.04.2023