SOLY CISSÉ, SOLO SHOW

17/06/2025

20/07/2025

LA DÉPÊCHE, EVREUX

David Chapelle publié le 22 juin 2022 (extraits)

 

« J’avais besoin d’exprimer des choses, de sortir ce que j’ai dans le ventre. » On s’étonne, il est issu d’un milieu plutôt protégé. « Oui, mon père était radiologue, ça va,
mais je suis très attentionné aux autres. Je suis plus préoccupé par les autres que par ma propre personne. Parfois, ça me porte préjudice. Je m’oublie. Je me sentais bien dans l’humanitaire, ou quelque chose comme ça, lorsque j’étais jeune. Des gens qui aident. »

Toutefois, il deviendra artiste, plutôt que médecin, au grand dam de son père. « Il refusait que je fasse l’art. Il voulait que je fasse médecine, des trucs comme ça. Alors que moi, partout, je dessinais.

Depuis l’âge de neuf ans. J’ai appris sur ses radiographies, j’imitais les crânes, les fémurs, les tibias, les omoplates, tout ça. Je dessinais avec une lame de rasoir, avec de la peinture industrielle, j’essayais d’imiter les traits forts. Ça, c’était mes œuvres.

Lorsque j’ai décidé d’arrêter l’école, je me suis levé en plein cours de maths. J’ai ramassé mes affaires, j’ai salué le professeur et je suis parti. Ça a été un scandale dans ma famille. Mon père ne m’a pas parlé pendant trois ans. Je n’étais pas encouragé. Au contraire. Quand on me voyait dans ma chambre… encore en train de peindre. Je me battais, je me battais, je me battais ! Je restais des jours à peindre. J’avais un grand frère qui était artiste. Il venait juste de sortir des beaux-arts. Je lui montrais mon travail. Parfois, il appréciait. Parfois, non. Il le déchirait, mais il m’encourageait : vas-y, continue ! »

On s’attarde sur son passage du dessin à la sculpture. « C’est venu des gladiateurs.

Au Sénégal, il y a la lutte traditionnelle. Elle devient de plus en plus violente. Avant, il n’y avait pas les coups. Ils ont été introduits dans les années 80. C’est devenu un sport très violent avec un public assoiffé de sang. Ça fait penser à quoi ? Aux arènes romaines. Quand j’ai réalisé des gladiateurs, les gens se demandaient : pourquoi fait-il des gladiateurs ?

 

BLOQUÉ À EVREUX

 

Tout le monde me voulait comme élève. Quand je dessinais des vagues, on volait mes dessins. Une de ses vagues créera un débat houleux au sein des beaux-arts. « Le professeur de couleur prétendait que j’avais fait une photo. C’était de l’hyperréalisme.. » Plus tard, quand ces mêmes professeurs l’ont découvert dans des revues ou journaux prestigieux, « ça ne les a pas étonnés », s’amuse Soly Cissé. Prophète en son pays. « Cette année, à la Biennale de Dakar, ils m’ont donné la plus grande galerie. Tout a été vendu. Il ne reste que trois œuvres sur les vingt-trois, confie-t-il. Là-bas, les gens s’étonnent, ils se demandent comment je m’y prends alors que je ne suis même pas sur place ».

Cette année, à la Biennale de Dakar, ils m’ont donné la plus grande galerie.

Soly Cissé, par David Chapelle, Publié le 22 juin 2022 à 16h00

 

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