Soly Cissé, Marcher sur l'or II, 2024, acrylique doré et fusain sir toile, 100 x 100 cm

SOLY CISSÉ : WALKING ON GOLD

04/09/2024

08/09/2024

En 2024, Soly Cissé entreprend une nouvelle série intitulée Marcher sur l’Or –  titre évocateur pour cet ensemble d’œuvres souvent de grande dimension, traversées d’un symbolisme ambigu. L’artiste y aborde les dommages environnementaux et humains causés par l’exploitation aurifère dans le sud-est du Sénégal, une région où l’extraction de l’or explose sans aucune considération pour ses conséquences écologiques ou sociales.

Ces œuvres, qui relèvent d’une forme de commentaire politique, font référence à la richesse minérale exceptionnelle du sous-sol sénégalais – mal gérée, fréquemment détournée – laissant la majorité de la population lutter pour sa survie dans cette région aurifère qui, malgré son or et ses minéraux, demeure l’une des plus pauvres du pays.

Sur la toile, dans un alignement frontal répété sur plusieurs registres, Soly Cissé ordonne un répertoire de figures, réactivant les représentations archaïques empruntées aux mythologies antiques, composant un véritable « théâtre de la violence ».

Les lignes très graphiques de ces silhouettes, traitées à petite échelle, semblent immergées dans un aplat d’acrylique dorée rabattue sur le plan de la toile. À la manière des mosaïques byzantines, elles se fondent littéralement dans ce fond or, inséparables de la matière qui les englobe et qui s’impose, comme dans l’icône, avec son irradiation lumineuse.

Loin d’évoquer la présence sacrée des bas-reliefs égyptiens – où l’or, matière du corps du roi, conférait aux statues leur vie divine – l’or de Cissé brille d’une lumière Le contraste entre les attitudes des figures souligne brutalement les tensions et les conflits qui s’y jouent, évoquant une Comédie humaine contemporaine. Cette dimension renforce l’adhésion de l’artiste à son œuvre graphique antérieure, Le Monde Perdu.

La ruée vers l’or de 1849 à San Francisco n’était pas la première ; celle de Kédougou, à la frontière du Mali et de la Guinée, ne sera pas la dernière. Ici, l’exploitation aurifère a remplacé les champs de céréales et d’agrumes par des terrains dévastés et pollués au mercure. Les immenses excavations et les camps de fortune alimentent les tensions sociales. Hommes et animaux n’ont d’autre choix que de se rapprocher des zones minières.

Les figures de Cissé marchent littéralement sur l’or, figuré par l’acrylique dorée qui traverse la composition tel un seuil, une frontière entre deux mondes. Les animaux, chassés de leur territoire, condamnés à une course sans fin, s’entrelacent et se superposent dans d’inquiétantes circonvolutions, pris au piège dans les courbes infinies de l’artiste.

 

 

In 2024, Soly Cissé embarked on a new series titled Walking on Gold—a suggestive title for this collection of often large-scale works, imbued with ambiguous symbolism. The artist addresses the environmental and human damage caused by gold mining in southeastern Senegal, a region where gold extraction is booming with little regard for its ecological or social consequences.
These works, which serve as a form of political commentary, reference the exceptional mineral wealth of Senegal’s subsoil—poorly managed and frequently misappropriated—leaving the majority of the population in this gold-rich region, despite its resources, among the poorest in the country, struggling for survival.

On the canvas, in a repeated frontal alignment across multiple registers, Soly Cissé arranges a repertoire of figures, reactivating archaic representations drawn from ancient mythologies, composing a true “theater of violence.” The highly graphic lines of these small-scale silhouettes seem immersed in a flat layer of golden acrylic spread across the canvas. In the manner of Byzantine mosaics, they blend seamlessly into this golden background, inseparable from the material that envelops them and asserts itself, as in an icon, with its radiant glow.
Far from evoking the sacred presence of Egyptian bas-reliefs—where gold, the material of the king’s body, endowed statues with divine life—Cissé’s gold shines with a stark light. The contrast between the figures’ postures sharply underscores the tensions and conflicts at play, evoking a contemporary Human Comedy. This dimension reinforces the artist’s connection to his earlier graphic work, The Lost World.
The 1849 San Francisco gold rush was not the first; the one in Kédougou, at the border of Mali and Guinea, will not be the last. Here, gold mining has replaced fields of cereals and citrus with devastated, mercury-polluted lands. Vast excavations and makeshift camps fuel social tensions. Men and animals have no choice but to converge on the mining zones.
Cissé’s figures literally walk on gold, represented by the golden acrylic that runs through the composition like a threshold, a boundary between two worlds. Animals, driven from their territory and condemned to an endless race, intertwine and overlap in unsettling convolutions, trapped in the infinite curves of the artist’s spirals

 

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