A l’occasion de notre toute première participation à Volta New York, nous aurons le plaisir de présenter les oeuvres des artistes Wole Lagunju et Soly Cissé du 4 au 8 septembre, dans le cadre de la Semaine de l’Art à New York où se déroule éalement l’Armory Show du 6 au 8 septembre. Soly Cissé dévoilera – avant ses prochaines expositions à Paris et Cape Town – une nouvelle série intitulée « Marcher sur l’or », ainsi qu’une monographie « Soly Cissé Ecosystems » dont la sortie est prévue le 1er septembre.
Soly Cissé dévoile sa récente série : « Marcher sur l’or», des compositions de grand format à l’acrylique dorée pour témoigner de la ruée vers l’or que connaît la région minière au sud-est du Sénégal, depuis le début des années 2000. Jouant avec les recherches formelles de son oeuvre graphique emblématique : « Le Monde Perdu », Cissé immerge ces représentations archaïques inspirées des mythologies anciennes, allégories des luttes universelles, dans les fonds or de ses toiles. L’artiste établit un parallèle avec les tensions sociales alimentées dans la région par les trafics divers, les terrains ravagés et pollués au mercure, les espoirs déçus loin de la société idéale exploitant le mythe de l’Eldorado. Vues à très petite échelle, ces guirlandes de figures saturant l’espace de la toile, invite le regardeur à scruter le tableau dans un jeu de dépendance entre avancée et recul pour en saisir tout le sens. Les compositions opposent plusieurs thématiques, entre sacré/profane et techniques, entre dessin/peinture, explorant leur coexistence sur la toile. Apparenté à une forme de commentaire politique, Cissé fait référence aux importantes richesses minérales du sous-sol au Sénégal, mal gérées et souvent détournées laissant la majorité de la population lutter pour leur survie, dans cette région aurifère qui malgré son or et ses minéraux, reste l’une des plus pauvres du pays.
Sur fond de dérèglement climatique, le format panoramique des « Ecosystèmes » de Cissé plonge le spectateur en prise directe avec la scène. L’oeuvre présentée « Nature et pollution » déroule course d’un petit animal fuyant sous la menace des particules polluantes.
S’apparentant à une forme de commentaire politique, « Coronica », formellement proche du « Guernica » de Picasso, établit un parallèle entre les conflits armés et la dernière pandémie de Covid 19
Wole Lagunju crée des hybridations ludiques de cultures qui nous entraînent dans un voyage historique sur un mode géographique. L’oeuvre « Femme au bâton d’oiseau » n’est pas sans rappeler Wilfredo Lam, dont la mère était de la même origine culturelle Yoruba que l’artiste. Ã son retour à Cuba en 1942, l’on pouvait voir, dans un de ses deux jardins, ces bâtons d’oiseaux appelés « Osun du jardin », recevant des offrandes et protégeant les habitants de la maison. .
Soly Cissé, ‘Marcher sur l’Or’, 2024, acrylique sur toile, 100 x 100 cm
Soly Cissé entreprend en 2024 une nouvelle série intitulée « Marcher sur l’Or »un titre évocateur pour des oeuvres parfois de grande dimension, chargées d’un symbolisme ambigu. L’artiste aborde les problèmes des dommages environnementaux et humains dans la région minière du sud-est du Sénégal, où l’exploitation de l’or explose, sans aucune considération pour les conséquences environnementales. Apparentées à une forme de commentaire politique, les oeuvres font référence à la grande variété des richesses minérale du sous-sol au Sénégal, mal gérées et souvent détournées, laissant la majorité de la population lutter pour leur survie dans cette région aurifère qui malgré son or et ses minéraux, reste l’une des plus pauvres du pays.
Dans un alignement frontal qui se répète sur plusieurs registres dans l’espace de la toile, Soly Cissé ordonne tout un répertoire de figures qui réactivent des représentations archaïques empruntées aux mythologies antiques incarnant un « théatre de la violence ». Les lignes trés graphiques des figures traitées à petite échelle, semblent immergées dans l’acrylique dorée rabattue sur le plan de la toile. à la manière des mosaïques byzantines, elles sont inséparables de leur fond or qui s’impose ensuite dans l’icône. L’irradiation lumineuse du fond or est loin d’évoquer la présence sacrée des bas-reliefs égyptiens, ou le corps du roi était d’or et donnait aux statues leur vie divine. Le contraste entre les attitudes des figures de la scène ne soulignant les tensions et les conflit qui s’y jouent est trop évident pour ne pas évoquer une Comédie humaine, renforçant l’adhésion de l’artiste à son oeuvre graphique, « Le Mondes Perdu ».
La ruée vers l’or des années 1849 à San-Francisco n’était pas la première, celle de Kédougou à la bordure du Mali et de la Guinée ne sera pas la dernière. L’exploitation minière de l’or a remplacé les champs de céréales et d’agrumes par des terrains ravagagés et pollués au mercure. Les immenses excavations et camps de fortune alimentent les tensions sociales. Hommes et animaux n’ont d’autre choix que de se rapprocher des zones minières. Les figures de Cissé marchent littéralement sur l’or, figuré par l’acrylique doré de lignes traversant la composition, telle une frontière entre deux mondes. Les animaux, chassés de leur territoire, condamnés à une course sans fin, s’entrelacent, se superposent dans d’inquiétantes circonvolutions, pris au piège dans les courbes infinies des compositions en spirale de l’artiste.
Comme l’écrit Marianne Soumaré (Marianne Soumaré,Kédougou, l’autre visage du Sénégal, Jeune Afrique, 24 mars 2024), des solutions existent en vue de traiter l’or sans mercure, avec un projet gouvernemental, en cours pour contrer l’activité des puits d’orpaillages artisanaux, pratiques illégales perdurant depuis le début des années 2000.
Wole Lagunju, Femme au bâton d’oiseau, huile sur papier Fabriano, 75 x 55 cm
Wole Lagunju (b.1966 Osoghbo, Nigéria), v it et travaille en Caroline du Nord, USA..
En plus d’intégrer les influences de l’art occidental, Wole Lagunju ajoute une profondeur symbolique à l’expression unique de sa culture yoruba. La précision des détails référentiels affirme la présence ancestrale des représentations symboliques animales, profondément associées à la cosmologie Yoruba, tels que caméléons, oiseaux, serpents et crocodiles…L’une des plus répandues est l’oiseau qui fait référence à l’orisha Osanyin, le Dieu des herbes médicinales. La représentation de l’oiseau n’est pas anodine et Wifredo Lam dont la mère était d’ascendance yoruba s’en souviendra, lorsqu’il s’installa dans une maison avec deux jardins à son retour à La Havane en 1942. On retrouve l’oiseau à Cuba sous le nom d’« Osun du jardin », placé au sommet d’un support en fer, recevant les offrandes et protégeant les habitants de la maison.
L’oeuvre : « Femme au bâton d’oiseau » présente l’oiseau placé sur son support en fer, bâton emblématique des prêtres, dotés des mêmes pouvoirs de protection. L’oiseau est présent sur les couronnes des dignitaires yorubas : les Obas. De petits paquets d’herbes médicinales sont également cachés à l’intérieur par ces prêtres-herboristes et devins. Ce sont les oiseaux qui préservent le secret des herbes qui y sont cachées. Le Oba ne doit jamais les ouvrir au risque de devenir aveugle..
L’oeuvre de Wole Lagunju est nourrie de ses souvenirs d’enfance à Osogbo, une ville du Nigéria riche en traditions yoruba, proche de la forêt sacrée d’Osun-Oshogbo, panthéon des divinités Orichas. Immergé dans un environnement imprégné de mythologie et de croyances, témoin privilégié des mascarades Gelede qui se déroulaient non loin de la pharmacie de son père, l’artiste explore ce vaste réservoir de cultures dans un langage pictural d’avant-garde mélé aux grandes expèriences artistiques occidentales.
Soly Cissé (b.1969 Dakar, Sénégal) vit et travaille en Normandie, France.
L’efficacité et l’impact des oeuvres de Cissé sont dus non seulement à leur dimension sociale, mais aussi à eur intemporalitée à l’universalité de leurs sujets et à leurs liens avec l’actualité. A travers la peinture, le dessin, les techniques de collage-assemblage, la sculpture et les installations, l’artiste, né à Dakar en 1969 et basé en Normandie, aborde le problème de l’interdépendance des questions écologiques, économiques et culturelles et de leurs implications dans un contexte mondial. Cissé joue avec les formats, depuis ses petits collages imprégnés d’ironie sur pages de magazines d’art, inspirés par son intérêt précoce pour la BD, jusqu’aux toiles à grande échelle de ses « Ecosystèmes », dans lesquels Cissé se représente lui-même, donnant au spectateur l’impression de « voyager […] avec l’oeil (Clément Greenberg). La dimension sociale de Cissé réside dans son iconique oeuvre graphique, « Le Monde Perdu », qui fait référence aux luttes universelles, au fanatisme et à l’obscurantisme présents dans les sociétés et les civilisations les plus anciennes, jusqu’à aujourd’hui. L’oeuvre graphique emblématique « Le Monde Perdu a été comparée par les critiques d’art, comme Bruno Cora , au cycle de gravures « Les Caprices » de Goya.
Marion Chauvy, copyright
« Cissé plonge aux sources des approches cosmogoniques ancestrales, pour travailler les violences de l’histoire qui dérégulent nos sociétés nous égarent et saisir le scintillement délicat du monde marin, la fugacité élégante d’un animal avant qu’il ne soit trop tard ». Hélène Tissières dans « Soly Cisse Ecosystems »publication galerie Chauvy. Imp.SIZ Graphica, Vérone, 2024
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