FOIRE

ART PARIS 2020

10 - 13 septembre 2020

GRAND PALAIS PARIS

À l’occasion d’Art Paris, la galerie réunit deux artistes majeurs de la scène internationale, Soly Cissé et Wole Lagunju.

L’installation de Soly Cissé « Champ de coton » se rattache au rôle de la mémoire de l’esclavage et à sa persistance contemporaine. L’artiste soulève les questions posées par les migrations et les confrontations identitaires.

Wole Lagunju, dont le pays, le Nigéria a payé un lourd tribut à ce trafic, juxtapose librement, aux portraits de sources artistiques de diverses époques de l’art occidental, des masques de la culture Yoruba. En réponse à la mondialisation, l’artiste réussit une des fusions les plus efficaces entre tradition et avant-garde.

 

SOLY CISSÉ

Depuis 2018, Soly Cissé travaille à des oeuvres à caractère mémoriel qui traduisent son regard sur la société et l’histoire. Une histoire, éprouvée de l’intérieur, liée à des lieux de mémoire hantés par des siècles de trafics esclavagistes

L’installation présentée à l’occasion d’Art Paris : *« Champ de coton » est un puissant hommage aux millions d’hommes et de femmes arrachés à leur liberté et à leur terre. Elle nous transporte vers la Caraïbe, la Louisiane, l’Alabama, la Géorgie.… Dans ce théâtre de la Mémoire, nulle présence humaine, nul arrangement sonore comme initialement prévu par l’artiste. Seule prédomine la force évocatrice et symbolique. Au-delà d’une composition picturale par laquelle deviendrait belle la souffrance humaine, elle dit le poids des sacs, les mains écorchées, le bruit des chaînes aux pieds d’où le jazz tient son rythme. Pourtant, de ces champs de souffrance sont nés une culture, des chants, un peuple et une victoire, celle de l’abolition… Un monde a été créé. La mémoire peut advenir si l’histoire est transmise sans rien en exclure.

Soly Cissé a réalisé une première installation sur ce thème composée de 170 sculptures. Exposée en 2018 dans le cadre de la Biennale OFF par la Fondation Dapper sur l’île de Gorée, elle est aujourd’hui en vue au Musée des Civilisations Noires (M.C.N.) de Dakar et n’a pas franchi les mers, contrairement aux populations concernées.
Le champ de coton installé à l’île de Gorée comptait près de deux-cents tiges de fer soudé de deux mètres de hauteur avec leurs fleurs en fibres de coton. Dans ce lieu hanté par cette sombre histoire, un passé enfoui, soudain reprenait forme avec une puissance visuelle décuplée. Á une indiscutable qualité paysagère, s’ajoutait une prise en compte environnementale opportune. Invité à pénétrer dans les allées sablées, le public subissait une sorte de mise à l’épreuve augmentée pour certains d’un puissant sentiment d’appartenance avec ceux qui les avaient précédés dans ces lieux.

Métaphore du travail forcé et d’un esclavage contemporain déguisé – la simplicité d’un champ de coton, reconnaissable par tous, dans le monde entier, induit, au même titre que la capacité de résilience de son cycle végétal, la reconnaissance des formes de déni du passé. L’installation permet de questionner les rapports de pouvoir et d’identité tout en jouant à la fois avec le présent et une histoire universelle.

WOLE LAGUNJU

Originaire d’Osogbo, une ville au sud-ouest du Nigéria, .

La toile de grand format présentée à l’occasion d’Art Paris : Spirit of Mami Wata, est une œuvre emblématique du travail de Wole Lagunju.

Esprit, déesse, déesse-mère, Mami Wata est considérée comme la première femme de l’univers Yoruba. Elle témoigne des croyances, des traditions, de la complexité d’une culture dont l’apogée est antérieure de plus d’un siècle au premier contact avec les européens. Puissance ambivalente et imprévisible, la divinité est censée entraîner son lignage vers un futur positif et une harmonie sociale. Elle est célébrée dans les fascinantes mascarades gélédè, auxquelles l’artiste a assisté dans son enfance à Osogbo. Les porteurs de masques sont des hommes qui célèbrent le pouvoir des femmes afin de se ménager leur bienveillance Sans cesse réinventées, modifiées dans leurs sens et leurs fonctions, suivants les lieux, par ceux qui y participent, ces mascarades sont pour les yorubas, support d’histoires, de mythes et rappels de leurs luttes au temp de l’esclavage et de la colonisation

Wole Lagunju nous place face une oeuvre chargée : l’histoire complexe de l’hybridation des cultures et la réinterprétation de l’esthétique pré et post-coloniale.