POUVOIRS DE LA TERRE

20 octobre 2024

7 janvier 2025

La présentation offre un regard sur les différentes approches artistiques des quatre créateurs, préservant et réinventant leur lien symbolique avec la terre, face aux réalités climatiques contemporaines. SHEILA FUSEINI (Ghana) et ADEWUMI OYEYEMI (Nigéria) jouent la comparaison avec les temps, ceux des cataclysmes diluviens aux origines du monde et les nôtres : inondations, débordement de barrages, déplacement de populations. Le lien avec l’environnement pour S.A. CAMARA, la potière de Casamance, passe par son médium – l’argile ou umhlaba (terre mère). Traversant les cultures et les époques, celles d’avant le déluge, SOLY CISSE propose une alternative au mythe du Jardin d’Eden où Ève, résistant à la tentation, se mue en serpent, symbole de régénérescence.Autour du feu et de la terre entre matière et fusion, les maternités de Seyni Awa Camara rejoignent autant les cosmologies des philosophes que celles des alchimistes.

A. OYEYEMI
S. A. CAMARA
SHEILA FUSEINI

Artistes

ADEWUMI OYEYEMI

ADEWUMI OYEYEMI

SEYNI AWA CAMARA

SEYNI AWA CAMARA

SHEILA FUSEINI

SHEILA FUSEINI

Seyni Awa Camara (1940, Bignona) vit et travaille en Casamance, au Sénégal.

 S.A. Camara, invoque une légende qui malgré son caractère fictif, englobe les croyances locales et les mythes des esprits de la forêt. Ses Maternités obsédantes et ses ‘enfants-poteries‘ aujourd’hui diffusés dans le monde entier, ont dû longtemps faire face au poids des interdits ancestraux ; elles sont désormais exposées dans le monde entier. S.A. Camara a été initiée aux techniques de poterie traditionnelles par sa mère et sa grand-mère lorsqu’elle était enfant. Elle modèle ses personnages et les cuit à basse température dans un four à ciel ouvert dans la cour de sa maison. Introduite sur la scène de l’art par l’exposition de Jean-Hubert Martin « Les magiciens de la terre » en 1989 au Centre Pompidou, S.A. Camara réside toujours dans le village casamançais de sa naissance, Bignona. Son travail a fait l’objet de plusieurs documentaires, publications et expositions dont « Ex Africa » de Philippe Dagen en 2021 au musée du quai Branly. Les œuvres de S.A. Camara sont exposées à l’Ambassade des Etats-Unis de Dakar dans le cadre du programme « L’Art en Ambassades » (AIE) et de la Dak’art Biennale 2024, jusqu’en décembre 2024.

Sheila Fuseini, (1983, Accra) vit et travaille à Tema, (Accra), Ghana

Originairedu Nord du Ghana, SHEILA FUSEINI conçoit l’espace de ses toiles comme un voyage, nous invitant à partager le monde qu’elle dépeint. Ses paysages de savanes, ses lignes d’horizon, ses ciels et les rives de l’immense lac Volta qui traverse son pays, évoquent une expansion libre, limitée seulement par les bords de la toile. Son engagement poétique avec la couleur rend compte de sa perception sensorielle inspiré du système expressif de Kandinsky. Entre abstraction et figuration, s’inscrivent sans hiérarchie quelques éléments figuratifs, rencontres imprévisibles d’une maison ayant la même valeur qu’une feuille. L’artiste applique le principe du collage à partir de chutes de cuir sur tulle ou sur panneau, conférant à sa peinture un sens de la matérialité qui donne au spectateur une expérience tactile, ouvrant sur de nouvelles interprétations de son travail. La juxtaposition des surfaces jouant d’une égale intensité, n’est pas sans rappeler la technique du kente, ces textiles tissés puis assemblés, emblème des valeurs sociales du Ghana. Allusion au monde qui l’entoure, indication topographique…… Ici la maison en terre, celle de l’enfance au cœur des savanes du nord, la région natale. Là, le Sud, le vaste ciel, les rives du lac Volta… cartographie émotionnelle d’un voyage à travers différents lieux et moments de la vie de l’artiste, sorte de kaléidoscope invitant le regard à glisser d’un espace à l’autre, jusqu’au Golfe de Guinée, où S. Fuseini vit désormais et puise de nouvelles sources créatrices reliées à ses souvenirs, son identité, sa culture..

Adewumi Oyeyemi (1998, Igogo, Nigeria) vit et travaille à Ondo City, Nigeria.

ADEWUMI OYEYEMI s’inscrit dans une œuvre engagée, socialement critique, sur fond de crises climatiques qui affectent les communautés locales de sa région natale, les hauts plateaux d’Ekiti au sud-ouest du Nigeria. Dans ses compositions réalisées en 2022, l’artiste adopte une plus large perspective, soulignant les interconnexions avec les problèmes sociaux-politiques de son pays alors en période préélectorale, confronté la même année à des inondations sans précédent dans le sud du pays. L’œuvre d’Adewumi se tisse de métaphores qui réactivent les symboles, la philosophie et la morale des proverbes Yorubas. La toile « Flood in Nigéria II », par exemple, où l’on voit l’eau se déverser en cascade de l’un des paniers d’osier, s’inspire du proverbe : ”Qui utilise un panier pour aller chercher de l’eau, se trompe“. Les œuvres de l’artiste au fort pouvoir métaphorique, lient intrinsèquement, son lieu d’origine traversé de forêts, de sources et de cascades confronté à l’exploitation forestière abusive, au phénomène global d’un pays qui enregistre la plus forte hausse de température moyenne de tous les pays du continent africain. En reliant ses figures au monde des mythes autochtones Yorubas où elles conservent un reste de ces premiers âges, Adewumi accuse d’autant plus les défis sociétaux en résonance avec l’état de notre monde globalisé.